Je ne meurs pas avec toi ce soir – K. Jones & G. Segal

Ce livre est sorti le 27 juin dernier, après avoir été repoussé une première fois. Il m’a fallu un petit moment avant de le recevoir (merci La Poste mdr) mais il est à présent temps d’en parler. Je remercie les éditions Page Turner & Milan pour l’envoi de ce titre.

Lorsqu’une dispute entre un lycéen noir et un lycéen blanc se transforme en émeute raciale et gagne la ville, Campbell, blanche, et Lena, noire, camarades qui se connaissent à peine, fuient le lycée et traversent la ville ensemble pour aller retrouver le petit ami de Lena. Ces heures angoissantes sont pour elles l’occasion d’apprendre à se connaître et à dépasser leurs préjugés.

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Le livre fait un peu moins de 250 pages et se lit donc très vite. Je suis rapidement entrée dans l’histoire. Le style est fluide et prenant, on se sent proche des personnages par leur façon de parler. Les dialogues font réels et ça c’est un point vraiment important pour moi.

Lena est un personnage qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui a du répondant. Si elle m’a paru un peu sur une autre planète au départ, avec certaines de ses réflexions, j’ai vu une véritable évolution de sa pensée au cours de l’histoire. Bon, il y a bien un point que j’aurais aimé voir autrement et qui aurait pu se conclure différemment, mais je comprends aussi le choix de Lena et des autrices de rester ainsi. On ne sait pas grand-chose de son histoire et on peut donc rapidement juger ses pensées, mais c’est toutefois le personnage que j’ai préféré.

Campbell j’ai eu plus de mal. J’ai eu l’impression de la voir toujours en second plan, comme si elle était naturellement effacée. Elle a parfois un regain d’énergie et, quand c’est le cas, c’est super dynamique et intéressant, mais trop peu à mon goût au cours de l’histoire. Elle semble plus sensible, plus à fleur de peau, et cela s’explique sans doute par le contexte familial dans lequel elle évolue. J’ai donc eu un peu plus de mal avec elle, mais rien qui ne me pousse à la détester non plus.

L’intrigue était relativement floue pour moi jusqu’à la fin. Je m’attendais à une certaine trame qui, finalement, n’était pas vraiment là. L’histoire se déroule sur une soirée, durant laquelle une bagarre explose sur le stade de football durant une rencontre. S’en suivent finalement une manifestation puis une émeute dans l’une des avenues de la ville. Je ne sais pas si c’était totalement lié ou non, mais tout a dégénéré et on voit le processus. On voit le début puis l’explosion pas à pas qui mène à ces évènements tragiques.

On nous explique rapidement la manipulation des médias, l’intérêt qu’ils ont dans ce qu’ils diffusent. On nous parle très -trop- vite des violences policières, des abus, de leur manque d’action quand il s’agit de défendre la population Afro-Américaine. On aborde aussi le racisme ordinaire, avec des petites réflexions que Campbell peut faire.

Mine de rien, j’ai l’impression que tout est resté en surface. Je n’ai pas l’impression d’avoir creusé le truc. J’ai assisté à l’histoire de façon pacifique, sur le côté, comme dans une bulle de protection. Je n’ai pas ressenti la colère que j’ai pu connaître face à des récits tels que Dear Martin ou The Hate U Give. Ici, c’est vraiment les péripéties des deux jeunes filles pour s’en sortir vivantes face à toutes ces choses qui les dépassent et qui ne font que s’envenimer. J’ai davantage appris sur l’évolution d’une manifestation en émeute, mais je n’ai pas l’impression de sortir grandie ou en ayant réellement appris quelque chose de concret.

Black Lives Matter apparait une fois dans le récit et est ponctué de notes de bas de page mais je trouve que ce n’était pas suffisant clair, suffisamment précis, pour qu’on comprenne réellement les enjeux de cette histoire. C’est malheureusement suite aux contextes mondiaux récents que j’ai vraiment pu saisir les choses. Sans cela, sans tout ce que j’ai pu lire et comprendre sur le sujet, je pense que je serais passée à côté.

Malgré tout, c’est un livre que j’ai tout de même trouvé intéressant. Il se lit vite et on veut tout de même savoir comment la soirée va se terminer. On est pris dans un tourbillon d’adrénaline. C’est principalement la fluidité de la traduction, du récit, et le personnage de Lena qui m’ont permis de sincèrement apprécier cette histoire.

Cependant, j’aurais aimé un contexte historique et davantage d’explications ou d’actions sur le véritable racisme qui gangrène les USA (plus particulièrement). J’aurais voulu en voir plus et ressentir la même colère que face aux livres précédemment cités. Je pense qu’ils ont davantage d’impact dans les consciences et permettent une réelle évolution chez ceux qui ne voient pas la dure réalité du racisme qui persiste encore.

Pour conclure, c’est un livre que je vous conseille malgré tout. Il est entraînant et reste peut-être une bonne entrée en matière, ou un complément, pour ceux qui souhaitent comprendre la situation aux USA. Cela manque de détails et de précisions, mais c’est global et on y aborde un peu tous les sujets qui font l’actualité. C’est un livre qui tient en haleine et à qui, finalement, je pardonne cette absence de véritable contextualisation, puisqu’il a su éveiller ma curiosité.

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